On veut prendre parce qu’on a peur de perdre

AUTEUR
La première grande étape de mon aventure intérieure a été de découvrir que j'étais hypersensible. Cela m'a permis de me reconnecter à mon corps et à mes émotions. Ensuite, mon intuition m'a guidée vers la compréhension des mécanismes de l'ego pour que je me relie petit à petit à mon âme et que je décide totalement de me dédier à éveiller cette autre conscience.

Tant qu’on a le sens des limites étroites, on veut prendre parce qu’on a peur de perdre

« Toutes les altérations de cette grande puissance divine viennent de l’obscurité, l’ignorance et l’égoïsme de ses instruments limités. L’amour, force éternelle, n’a pas de convoitise, de désir, de soif de possession, d’attachement personnel ; dans son mouvement pur, c’est la recherche de l’union du moi avec le Divin, une recherche absolue, ne tenant nul compte d’aucune autre chose. L’amour divin se donne et ne demande rien. Ce que les êtres humains en ont fait, il vaut mieux ne pas en parler ; ils l’ont travesti en quelque chose de laid et de répugnant ! Et cependant, même chez les êtres humains, le premier contact de l’amour apporte avec lui un reflet de sa plus pure substance ; pour un moment, ils sont capables de s’oublier eux‐mêmes ; pour un moment, le toucher divin de l’amour éveille et magnifie tout ce qui est noble et beau. Mais bien vite la nature humaine reprend le dessus, pleine de demandes impures, exigeant quelque chose en échange de ce qui est donné, trafiquant de ce qui devrait être un don désintéressé, réclamant à grands cris la satisfaction de désirs inférieurs, dénaturant et salissant ce qui fut divin. »
(Entretien du 2 juin 1929)

Les êtres humains, quand ils donnent quelque chose, pourquoi toujours veulent‐ils recevoir quelque chose en échange ?

Parce qu’ils sont enfermés en eux-mêmes.
Ils ont le sens de leur limitation et ils ont l’impression que pour
grandir, pour augmenter, et même pour subsister, ils ont besoin de prendre du dehors, parce qu’ils vivent dans la conscience de leur limitation personnelle. Alors, pour eux, ce qu’ils donnent fait un trou, et il faut boucher ce trou en recevant quelque chose !… Naturellement, c’est une erreur. Et le vrai… si, au lieu d’être enfermés dans les étroites limites de leur petite personne ils pouvaient élargir leur conscience au point de non seulement pouvoir s’identifier aux autres dans leurs étroites limites, mais de sortir de ces limites, de passer au-delà, de se répandre partout, de s’unir à la Conscience unique et de devenir toute chose, alors, à ce moment-là, les limites étroites s’évanouiraient, mais pas avant. Et tant que l’on a le sens des limites étroites on veut prendre, parce qu’on a peur de perdre. On dépense, on veut récupérer. C’est à cause de cela, mon petit. Parce que si l’on était répandu en toute chose, si toutes les vibrations qui viennent ou qui s’en vont exprimaient le besoin de se fondre en tout, de s’élargir, de croître, non pas en restant dans ses limites mais en sortant des limites, et finalement de s’identifier au tout, on n’aurait plus rien à perdre, parce qu’on aurait tout. Seulement on ne sait pas. Et alors, comme on ne sait pas, on ne peut pas. On essaye de prendre, d’accumuler, accumuler, accumuler, mais c’est impossible, on ne peut pas accumuler. Il faut s’identifier. Et alors, le petit peu qu’on a, on veut le récupérer : on donne une bonne pensée, on s’attend à une reconnaissance ; on donne un petit peu de son affection, on s’attend à ce qu’on vous en donne… Parce qu’on n’a pas la capacité d’être la bonne pensée en tout, on n’a pas la capacité d’être l’affection, la tendresse en tout. On a le sens d’être comme cela, tout coupé et limité, et on a peur de perdre tout, on a peur de perdre ce que l’on a parce qu’on serait amoindri. Tandis que si l’on est capable de s’identifier, on n’a plus besoin de tirer. Plus on se répand, plus on a. Plus on s’identifie, plus on devient. Et alors au lieu de prendre, on donne. Et plus on donne, plus on grandit.
Mais pour cela, il faut être capable de sortir des limites de son petit ego. Il faut s’identifier à la Force, s’identifier à la Vibration au lieu de s’identifier à son ego.
C’est très difficile, mais on y arrive.

– La Mère, Entretiens 1953, p.254

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