La naissance psychique

AUTEUR
La première grande étape de mon aventure intérieure a été de découvrir que j'étais hypersensible. Cela m'a permis de me reconnecter à mon corps et à mes émotions. Ensuite, mon intuition m'a guidée vers la compréhension des mécanismes de l'ego pour que je me relie petit à petit à mon âme et que je décide totalement de me dédier à éveiller cette autre conscience.

Les premières manifestations du psychique sont la joie et l’amour. Une joie qui peut être prodigieusement intense et puissante, mais sans exaltation – tranquille, profonde comme la mer – et sans objet. La joie psychique n’a besoin de rien pour être, elle est ; même au fond d’une prison elle ne peut s’empêcher d’être, car c’est un état, non un sentiment, comme la rivière qui coule et qui est joyeuse partout où elle passe, sur la boue ou les rochers, dans les plaines ou les montagnes. Un amour qui n’est pas le contraire de la haine et qui n’a besoin de rien non plus pour être, il est ; il brûle tranquille en tout ce qu’il rencontre, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il touche, parce qu’il ne peut s’empêcher d’aimer, c’est son état ; rien n’est bas pour lui, ni haut, ni pur, ni impur ; sa flamme ne peut être ternie ni sa joie. D’autres signes encore le révèlent : il est léger, rien ne lui pèse, comme si le monde était son jeu ; il est invulnérable, rien ne le touche, comme s’il était à jamais au-delà des tragédies, déjà sauvé de tous les accidents ; il est le mage, il voit ; il est tranquille, tranquille, comme un petit souffle au fond de l’être ; vaste comme s’il était la mer pour des millions d’années. Car il est éternel. Et il est libre, rien ne peut l’attraper ; ni la vie, ni les hommes, ni les idées, ni les doctrines, ni les pays – il est par-delà, toujours par-delà, et pourtant innombrablement au cœur de toute chose, comme s’il était un avec tout. Car Il est Dieu en nous.

Pour l’œil qui voit, voici comment le psychique apparaît : Quand on regarde quelqu’un qui est conscient de son âme et qui vit dans son âme, dit la Mère, on a l’impression de descendre, d’entrer profondément, profondément dans la personne, loin, loin, très loin dedans, tandis que généralement, quand on regarde les yeux des gens (il y a des yeux où l’on n’entre pas, c’est fermé comme une porte) mais enfin il y a des yeux qui sont ouverts, on entre ; puis on rencontre assez près, derrière, quelque chose qui vibre, qui brille quelquefois, qui scintille. Et alors, si l’on se trompe, on dit : « Oh, il a une âme vivante » – ce n’est pas cela ; c’est son vital. Pour trouver l’âme, il faut se reculer de la surface, se retirer profondément, et entrer, entrer, descendre, descendre dans un trou très profond, silencieux, immobile ; et alors là, il y a quelque chose qui est chaud, tranquille, riche de contenu et très immobile, et très plein, comme une douceur – ça, c’est l’âme. Et si l’on insiste, et que l’on soit conscient soi-même, il se produit une sorte de plénitude qui donne l’impression d’une chose complète et qui contient des profondeurs insondables. « Et on sent que si l’on entrait là, il y aurait des secrets qui se révéleraient, comme une réflexion dans une eau très paisible de quelque chose qui est éternel. Et les limites du temps n’existent plus. On a l’impression d’avoir toujours été et d’être pour l’éternité.

– Satprem, Extrait de Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience

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