La vie ordinaire et l’âme vraie

AUTEUR
La première grande étape de mon aventure intérieure a été de découvrir que j'étais hypersensible. Cela m'a permis de me reconnecter à mon corps et à mes émotions. Ensuite, mon intuition m'a guidée vers la compréhension des mécanismes de l'ego pour que je me relie petit à petit à mon âme et que je décide totalement de me dédier à éveiller cette autre conscience.

La vie ordinaire est une ronde de convoitises et de désirs variés. tant que vous en êtes préoccupé, il ne peut pas y avoir de progrès durable. il faut découvrir un moyen d’échapper à cette ronde. Prenez, par exemple, la préoccupation la plus commune de la vie ordinaire : les gens pensent constamment à ce qu’ils vont manger, à l’heure où ils vont manger et s’ils auront assez à manger. Pour conquérir l’attachement à la nourriture, il vous faut devenir équanime au point d’être parfaitement indifférent vis-à-vis de la nourriture. Si vous avez des aliments, vous les mangez, si vous n’en avez pas, cela ne vous tourmente pas le moins du monde, et surtout vous ne passez pas votre temps à y penser. Et il ne faut pas non plus y penser négativement. S’absorber dans la découverte de moyens et de méthodes d’abstinence, comme le font les ascètes, revient à se préoccuper de la nourriture presque autant que lorsqu’on en rêve avec convoitise. Ayez une attitude d’indifférence à cet égard, c’est la chose la plus importante. Que l’idée de la nourriture sorte de votre conscience ; n’y attachez pas la moindre importance.

Tout cela sera très facile du moment où vous entrerez en contact avec votre être psychique, l’âme vraie au-dedans de vous. Car vous sentirez alors, immédiatement, l’insignifiance de toutes ces choses, et que seul le Divin importe. Demeurer dans le psychique, c’est être soulevé au-dessus de toute convoitise. Vous n’aurez plus d’envies, de tracas, de désirs fiévreux. Et vous sentirez aussi que tout ce qui arrive, arrive pour le mieux. Comprenez-moi bien, je ne veux pas dire que vous deviez tou- jours penser que tout est pour le mieux. tout n’est pas pour le mieux tant que vous êtes dans la conscience ordinaire. Vous pouvez vous égarer sur des chemins complètement faux si vous n’êtes pas dans l’état de conscience vrai. Mais dès que vous êtes établi dans le psychique et que vous avez fait l’offrande de vous- même au Divin, tout ce qui arrive arrive pour le mieux, car toute chose, même sous un déguisement, est pour vous une réponse précise du Divin.

En vérité, le don de soi sincère et spontané porte en lui- même sa propre récompense immédiate ; il s’accompagne d’un tel bonheur, d’une telle confiance, d’une telle sécurité, que rien d’autre ne peut donner. Mais tant que le don de soi n’est pas fermement psychique, il y aura des périodes de troubles, des intervalles sombres entre les moments lumineux. C’est seulement le psychique qui progresse d’une façon ininterrompue ; son mouvement est une ascension perpétuelle. Tous les autres mouvements sont brisés et discontinus.

Et vous ne pouvez même pas être un individu tant que le psychique n’est pas perceptible en vous ; car il est votre vrai moi. Avant de connaître votre vrai moi, vous êtes une place publique, non un être. Tant de forces en conflit sont à l’œuvre en vous ! Si vous voulez faire de réels progrès, il vous faut connaître votre être véritable qui est en constante union avec le Divin ; c’est alors seulement que la transformation est possible. Toutes les autres parties de votre nature sont ignorantes ; le mental, par exemple, commet souvent l’erreur de prendre n’importe quelle idée brillante pour une idée lumineuse. Il peut avec une égale énergie avancer des arguments pour et contre le Divin : il n’a aucun sens infaillible de la vérité. Généralement, le vital est impressionné par tout étalage de pouvoir et il est prêt à voir en lui la Divinité. Seul, le psychique a un discernement juste : il est directement conscient de la Présence suprême ; il distingue infailliblement entre le Divin et l’antidivin. Si, même pour un moment, vous êtes entré en contact avec Lui, vous porterez au- dedans de vous une conviction que rien ne peut ébranler.

Vous demandez : comment pouvons-nous connaître notre être véritable ? Il faut demander pour l’avoir, aspirer à l’avoir, le vouloir plus que toute autre chose. La plupart d’entre vous, ici, sont influencés par lui ; mais une influence ne suffit pas ; vous devez vous sentir identifié à lui. Toute aspiration à la perfection vient de lui, mais vous êtes inconscient de la source ; quand vous collaborez avec lui, c’est sans le savoir ; vous n’êtes pas identifié à sa lumière. ne croyez pas que je fasse allusion à la partie émotive de votre être quand je parle du psychique. Les émotions appartiennent au vital supérieur, non au pur psychique. Le psychique est une flamme qui brûle en vous sans vaciller ; elle monte tout droit vers le Divin, et apporte avec elle le sentiment d’une force qui brise toutes les oppositions. Quand vous vous êtes identifié à elle, vous avez la perception de la vérité divine ; alors vous ne pouvez vous empêcher de sentir que le monde tout entier marche sur la tête, les pieds en l’air !

Vous devez apprendre à unir ce que vous appelez votre être individuel à votre vraie individualité psychique. Votre individualité actuelle est une chose très mélangée, une série de changements qui conservent cependant une certaine continuité, une certaine ressemblance ou une identité de vibrations dans ce courant qui passe. Elle est presque comme une rivière qui n’est jamais la même et qui a cependant un certain caractère et une certaine persistance qui lui sont propres. Votre être normal est simplement l’ombre de votre vraie individualité, et c’est seulement quand cet individu normal qui est centré différemment à différents moments, soit dans le mental, soit dans le vital, le plus souvent dans le physique, entrera en contact avec le psychique et le sentira comme son être réel, que vous réaliserez votre vraie individualité. Alors, vous serez unifié, rien ne pourra vous ébranler ni vous troubler, vous ferez des progrès réguliers et durables, et vous vous trouverez au- dessus des mouvements mesquins comme la convoitise pour la nourriture.

-La Mère, Entretiens 1929-31

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